Paris, le 13 décembre 2014.
La monétisation de créances (crédits, prêts) par la banque centrale
européenne est, aujourd'hui, l'objet de débats aigus.
Est tout aussi aigüe l'absence de doctrine économique justifiant le privilège
de monopole donné à l'organisme, dont l'idée absurde que la banque centrale
européenne aurait la capacité d'accroître la quantité de ce qu'on dénomme
"monnaie €uro" comme elle le désirerait.
Mon but n'est pas, dans ce billet, de faire de l'"histoire de la pensée
économique" sur la question de la monétisation, jusqu'à "ce qu'on dénomme
'monnaie'" sans raison, aujourd'hui.
Il est seulement de rendre à la logique de la "théorie de la quantité de
monnaie" ce pour quoi elle aurait dû toujours être prise, à savoir une
proposition de logique, une tautologie, non vérifiable par conséquent par quoi
que ce soit, entre variations de la quantité de monnaie et variations des prix
des marchandises en monnaie, cela au malheur des statisticiens.
Soit dit en passant, curieusement, en France, plutôt que de parler de "théorie
de la quantité de monnaie", il est question de "théorie quantitative de la
monnaie".
"Pourquoi pas", dira-t-on, mais la quantité de monnaie en supporte les
conséquences.
On ne parle pas pour autant de quantité de monnaie, mais de "masse monétaire"
sans explication.
Pourquoi "masse" plutôt que "quantité"?
Le mot « monnaie » devrait être banni une bonne fois pour toutes sauf, bien
sûr, à vouloir appeler « chat » un chien mais aussi à risquer de se faire
mordre...
En France, le bon sens populaire semble d'ailleurs avoir renoncé au mot «
monnaie » mais pour de mauvaises raisons puisqu'il n'hésite pas à parler, à la
place, d' « argent »... et que l' « argent » en question n'est que du vent...,
ou si on préfère, du papier, il n'est même pas le « chat » du chien...
Et on ne s'interroge pas sur le nominalisme de la monnaie qui a conduit à
parler de "louis", de "franc", etc. plutôt que de propriétés de quantité
de monnaie (poids, etc. point souligné par J.B. Say).
Cela a pourtant permis à la puissance publique de contrefaire la monnaie
qu'elle s'était fait forte d'empêcher la contrefaçon.
En effet, il n’est guère de proposition de logique - au bon sens du mot
(cf.
Léonard Peikoff, 1967) - plus certaine que celle qu'a proposée – et cache
semble-t-il aujourd’hui tant elle a été dévoyée - ce qui a été dénommé depuis
bien longtemps la « théorie de la quantité de monnaie ».
Malheureusement, la proposition a été dénaturée comme le montre la question
actuelle du "quantitative easing program" aux Etats-Unis, autre façon de parler
de la monétisation de la quantité de ce qu'on dénomme "monnaie €uro" dans la
zone €uro, par des créances connues de la seule banque centrale européenne et
de ses débiteurs.
1. La proposition de logique.
Etant donné que, alors, selon Vilfredo Pareto :
« 269. Une marchandise en laquelle s'expriment les prix des autres
marchandises, est un numéraire ou une monnaie.
Le numéraire se distingue de la monnaie en ce que la monnaie intervient
matériellement dans les phénomènes économiques, et le numéraire n'intervient
pas matériellement.[...] » (Pareto, 1896-97)
à l'origine, la proposition de logique avait mis en regard les variations de la
quantité de monnaie en circulation et les variations des prix en monnaie des
marchandises observés.
Elle avait soutenu que :
"les variations de la quantité de monnaie en circulation dans un sens allaient
de pair avec les variations des prix en monnaie des marchandises dans le même
sens, voire la même proportion." (ibid.)
S'en était ensuivie une théorie de l'inflation ou de la déflation au terme de
quoi :
"il y avait inflation quand les variations de la quantité de monnaie en
circulation et les variations des prix en monnaie des marchandises étaient
positives, et inversement, pour la déflation, quand les variations étaient
négatives." (ibid.)
Un point c’est tout, une fois la définition et la mesure des éléments en
question, la quantité de monnaie en circulation et les prix en monnaie des
marchandises, admis.
Comme on va le montrer et y insister ci-dessous, la "théorie de la quantité de
monnaie" était ainsi, simplement, une tautologie centrée indirectement sur les
quantités de monnaie unitaires convenues (sous-entendu, rapport d'une quantité
de monnaie à une quantité de marchandise convenu) et directement sur leurs
variations.
Et elle a été dévoyée.
Plus précisément, à l'origine, elle était une théorie d'une logique imparable
qui reposait sur les éléments de la réalité suivants:
- les prix en monnaie des marchandises, les taux/rapports d'échange des
marchandises ou bien les quantités de monnaie unitaires, convenus par les
personnes juridiques physiques, étaient synonymes,
- ils cachaient un changement de mains de la monnaie grosso
modo à l'instant où l'on parlait, qu'il était usuel de dénommer "vitesse
de circulation" de la monnaie,
- ils allaient de pair avec la quantité addition de quantités de monnaie
unitaires ou la quantité de monnaie en circulation à quoi ils donnaient lieu, à
chaque instant: pour leur part, taux d'échange des marchandises convenus
ou quantités de monnaie unitaires convenues et quantité addition ou quantité de
monnaie en circulation renvoyaient les uns aux autres ;
- il en était ainsi à l'instant "t", mais il en était aussi ainsi d'un instant
au suivant, ce qui ouvrait la voie aux variations dans le même sens des unes et
des autres.
En d'autres termes, le tout et les parties allaient de pair, la tautologie
était parfaite.
Mais, du fait de certains économistes, la proposition est devenue une
causalité imaginaire entre les variations de la quantité de monnaie et
les variations de prix en monnaie que beaucoup lui ont imputée par la suite,
en particulier au XXème siècle, par exemple, Irving Fisher (1911) ou
Milton Friedman (1956 ou 1970).
Malheureusement, nos savants économistes se sont coupés du point de départ en
cours de route et cela explique les mauvaises interprétations et les erreurs où
ils se sont fourvoyés depuis lors et ont fourvoyé autrui.
2. Prix en monnaie d'une marchandise, taux d'échange de
marchandises convenu ou quantité de monnaie unitaire convenue sont
synonymes.
En arrière plan de la théorie, il y avait donc l'idée qu'étaient
synonymes :
- le prix en monnaie (noté "pi") d’une marchandise (notée "i") - "ce qu'on
voyait" - et
- le taux d'échange de marchandises ou la quantité de monnaie unitaire
(sous-entendu, quantité de monnaie (notée "dM" ) rapportée à une quantité de
marchandise autre (notée "Xi")) entre deux personnes juridiques physiques - "ce
qu'on ne voyait pas" ou qu'on a perdu de vue -.
Les uns et les autres exprimaient l’accord de l’échange au sens juridique
du mot, un accord à la fois synallagmatique et acquis pour les parties
concernées.
Soit dit en passant, sur la notion, le plus souvent ignorée, de "rapport/taux
d’échange de deux marchandises entre deux personnes juridiques physiques",
Vilfredo Pareto a beaucoup insisté à la fin du XIXè siècle (cf. ce texte de juillet 2014
sur la « boite de Vilfredo Pareto »).
Symboliquement, aujourd’hui, on peut tout autant parler des prix en
monnaie "pi" que des quantités de monnaie unitaires « [(dM/Xi)i]
».
On a l'identité, qu'on le veuille ou non:
pi = [(dM/Xi)i] pour tout "i".
Cette tautologie cache aussi une égalité avec le rapport entre la
désirabilité de certaines choses et la non désirabilité d'autres qu'on laissera
de côté.
2.a. Généralisation.
A tous les prix en monnaie (pi, i=1, 2, etc.) des marchandises « i » échangées
à l'échange/instant, se juxtaposaient donc, de façon plus ou moins
cachée, les taux d'échange de marchandises convenus ou les
quantités de monnaie unitaires convenues et consenties par
les personnes juridiques physiques qui avaient échangé les
marchandises ([(dM/Xi)i], i=1,2, etc.).
De fait, à ce stade, les économistes se sont séparés et ont suivi deux voies
distinctes:
- les uns ont cherché à approfondir les prix en monnaie (Irving Fisher, Milton
Friedman, etc.),
- les autres se sont préoccupés des taux d'échange ou des quantités de monnaie
unitaires convenus (en particulier, Ludwig von Mises).
En sont résultés, pour les premiers, des indices statistiques du niveau des
prix en monnaie "p" du genre :
p = a1.p1 + a2.p2 + ... + an.pn
où les "ai" sont des coefficients - les bases des indices sont toujours créées
non seulement pour une somme initiale des produits des "ai" et des "pi" égale à
100 mais encore pour une somme initiale des "ai" égale à 100 -,
et, pour les seconds, une "quantité addition" (notée "M*") des quantités
de monnaie unitaires du type :
M* = [(dM/X1)1] + [(dM/X2)2] +... + [(dM/Xn)n]
qu'on peut aussi écrire:
M* = b1.[(dM/X1)1] + b2. [(dM/X2)2] +... + bn.[(dM/Xn)n]
où les bi sont des coefficients comparables aux ai précédents.
Il est alors possible d'identifier les "bi" aux "Xi" et, dans ce cas, on
définit ce qu'on dénomme la "quantité de monnaie en circulation" (toujours
notée "M*") par l'identité:
M* = X1.[(dM/X1)1] + X2. [(dM/X2)2] +... + Xn.[(dM/Xn)n]
où les coefficients "Xi" sont donc les marchandises échangées.
La quantité addition - calculée à partir des rapports d'échange ou des
quantités de monnaie unitaires convenus - était ainsi égale, à un facteur
près (celui des volumes des marchandises échangées), à la quantité de
monnaie en circulation.
La "quantité addition" convenue et la "quantité de monnaie en circulation"
étaient donc intimement liées, à l'échelle précédente près, c'étaient deux
façons de dire le même phénomène monétaire.
Reste qu'elles étaient aussi intimement liées à l'indice statistique du "niveau
des prix en monnaie des marchandises", mais cette dernière façon a été
perdue de vue, volontairement ou
non.
Indice statistique du "niveau de prix
en monnaie des marchandises" et "quantité de monnaie en circulation" n'étaient
pourtant que deux façons de rendre compte de la même réalité
monétaire, à un moment donné.
2.b. Le succès provisoire des "économistes des prix en
monnaie".
Reste aussi que les "économistes des prix en monnaie" l'ont emporté jusqu'à
présent sur les "économistes des quantités de monnaie unitaires".
En effet, les démarches des taux d'échange de marchandises
et des quantités de monnaie unitaires convenus ou des prix en monnaie
permettaient, d'une part, de calculer un agrégat de leur addition.
Elles permettaient, d'autre part, d'obtenir le calcul de l'agrégat en
pondérant chacun de ces éléments par un coefficient.
Et les "économistes des prix en monnaie" ont calculé des indices
statistiques du "niveau de prix en monnaie des marchandises" qu'ils ont fait
connaître tandis que les "économistes des quantités de monnaie unitaires
convenues" n'ont pas insisté sur la quantité de monnaie en circulation qu'ils
pouvaient obtenir (cf. relations ci-dessous).
Tout se passait comme si les "économistes des quantités de monnaie
unitaires convenues", cachaient ou faisaient oublier la "quantité addition" de
ses éléments, ou la quantité de monnaie en circulation dont ces derniers
avaient été, chacun, un élément constitutif plus ou moins important.
3. La tautologie.
La "théorie de la quantité de monnaie" n'a fait que prendre en considération,
sans y insister, d'abord ce fait logique de liaison intime entre les
rapports d'échange de marchandises convenus ou les quantités de monnaie
unitaires convenues et la quantité addition.
Ensuite, elle n'a fait que prendre en considération
le fait logique de liaison intime entre la quantité addition précédente et
la quantité de monnaie en circulation, sans y insister.
Autant de tautologies.
3.a. La théorie de l’inflation.
De plus, la "théorie de la quantité de monnaie" est allée au-delà, d'une part,
en reliant entre elles, par l'idée, non plus les quantités, mais les variations
des quantités, et, d'autre part, en mettant l'accent sur les prix en monnaie
des marchandises "pi" plutôt que sur les quantités de monnaie unitaires
"[(dM/Xi)i]".
Elle a fait valoir qu'il existait une proportion entre les deux types de
variations, mais, rappelons-le, en mettant l'accent sur les seuls
prix en monnaie des marchandises "pi".
Si la quantité de monnaie en circulation variait dans un sens, toutes choses
égales par ailleurs, c’est qu'au moins un prix en monnaie de marchandises
variait dans le même sens.
Et, réciproquement, si un prix en monnaie de marchandises variait dans un sens,
toutes choses égales par ailleurs, c’est que la quantité de monnaie en
circulation variait dans le même sens.
Cela se déduisait directement de la "quantité de monnaie en circulation" donnée
ci-dessous symboliquement:
M* = X1.[(dM/X1)1] + X2. [(dM/X2)2] +... + Xn.[(dM/Xn)n]
où les coefficients "Xi" sont, rappelons-le, les marchandises échangées,
quoique l'accent fût mis sur les prix en monnaie des marchandises.
De plus, les variations de la quantité de monnaie en circulation allaient de
pair, à une échelle près, avec les variations de la quantité addition des taux
d'échange de marchandises convenus, des quantités de monnaie unitaires
convenues ou des prix en monnaie des marchandises, pendant une période de temps
"dt".
Les variations des deux quantités ne pouvaient qu'avoir, en principe théorique,
même sens: un sens soit horizontal, soit ascendant, soit descendant.
Cela ne doit pas cacher la question des prix relatifs qui se cachent derrière
les prix en monnaie, les taux d'échange de marchandises convenus ou les
quantités de monnaie unitaires convenues.
Par exemple, à supposer que le sens soit horizontal, i.e. que les variations de
la quantité addition des quantités de monnaie unitaires convenues et de la
quantité de monnaie en circulation ne changent pas, alors les variations des
quantités de monnaie unitaires convenues peuvent avoir des sens opposés qui
cachent des variations des prix relatifs des marchandises, de sens opposés, et
qui font que l’addition des quantités ne varie pas.
En relation avec les variations positives de l'une et de l'autre des quantités,
la "théorie de la quantité de monnaie" a introduit le mot « inflation » et, en
relation avec les variations négatives, elle a introduit le mot « déflation
».
Bref, les théories de l’inflation ou de la déflation étaient des aspects de la
"théorie de la quantité de monnaie".
3.b. Le marché partiel.
Certes, des économistes ont suivi une autre démarche qui a consisté à faire
référence à un marché partiel.
Il n'y a pas, en effet, des prix en monnaie et des quantités de marchandises,
sauf l'hypothèse réductrice erronée de l'équilibre économique général.
Il y a seulement des prix en monnaie et des quantités de marchandises qui
résultent des actes d'échanges que mènent les personnes juridiques physiques
(P.J.P.), vous et moi, étant donné la loi du droit, et dont elles
conviennent synallagmatiquement ou par l'intermédiaire d'un marché partiel,
organisé ou non.
La démarche a consisté le plus souvent à voir dans les prix en monnaie des
marchandises la conséquence de l’égalité de l’offre et de la demande dans un
marché partiel, notions organisées par le savant désirant parler de l'équilibre
du marché.
Oubliés ainsi la conséquence des échanges synallagmatiques des P.J.P. - et le
coût d’échange que ces derniers lui impliquent et qui ne saurait être mis de
côté comme il l'est par l'économie politique dominante -.
3.c. Remarque : la mesure.
Des savants économistes se sont fait forts de mesurer
les notions théoriques en jeu en oubliant qu'elles venaient d'une théorie
économique logique précise et que, par définition, la mesure était
inutile.
Ils l'ont fait en employant des méthodes différentes comme si les éléments
pouvaient ne pas renvoyer les uns aux autres.
D'un côté, ils ont employé une méthode en relation avec la quantité de monnaie
totale qu'ils ont dénommée pour l'occasion "quantité de monnaie en
circulation" (c'est surtout la comptabilité bancaire).
La notion de "quantité de monnaie totale" telle qu'est peut être produite
et comptabilisée par les banquiers diffère de la quantité de monnaie en
circulation à cause de l'exception que sont les phénomènes de "thésaurisation"
ou de "dé-thésaurisation" qui dénomment l'écart et qui résultent des choix
des personnes juridiques physiques (cf. ci-dessous et texte
de septembre 2014).
La quantité de monnaie totale et la quantité de monnaie en circulation ne
renvoient plus l'une à l'autre pour cette raison.
De l'autre, ils ont fait intervenir une méthode en relation avec les prix en
monnaie des marchandises (c'est la statistique des "indices de prix en monnaie"
des marchandises).
Et cela a été une première grande erreur méthodologique.
A fortiori, les théories de l’inflation ou de la déflation qui s’en
sont ensuivi ont renforcé l’erreur initiale.
Elles ont même donné lieu à des explications diverses quoique les mots «
inflation » ou « déflation » aient été employés et n’aient pas été modifiés
(inflation par les coûts, inflation par la demande, inflation
importée, etc.).
L'accent a en particulier été donné aux seuls "indices de prix en
monnaie" créés par la théorie statistique dite des "indices de prix" pour
"mesurer l'inflation".
La quantité de monnaie a été mise de côté.
En conséquence de ces erreurs, il faut reconnaître que les propos tenus
aujourd'hui sur la théorie de l’inflation ou de la déflation à partir de ces
éléments, i.e. selon la démarche retenue, sont sans valeur.
Peu importent les statisticiens qui voudraient leur donner des mesures plus
précises encore et les cautionner, indirectement ou non, ainsi:
"ils ne testent pas la 'théorie de la quantité de monnaie'" comme on dit, "mais
l'imagination qu'ils s'en font".
3.d. Conséquences.
Mais la démarche n'a rien apporté.
Elle a contribué à détruire un peu plus la compréhension des notions de prix en
monnaie des marchandises, de quantité de monnaie unitaire convenue ou de taux
d'échange des marchandises convenu - et celle de quantité de monnaie en
circulation.
Elle a aussi contribué à faire confondre quantité de monnaie totale et quantité
de monnaie en circulation.
Elle a enfin contribué à continuer à laisser de côté la notion de «
coût de l’échange ».
Soit dit en passant, il ne faut pas oublier que, si l’acte d’échange n’existait
pas, si le « coût de l’échange » évalué élevé par les P.J.P. n’existait
pas, la marchandise monnaie n’aurait jamais vu le jour. Et les hommes de
l'Etat ne l'auraient pas réglementée.
Avant qu’il y ait des prix en monnaie, des quantités de monnaie unitaires ou
des taux d’échange convenus, et une quantité de monnaie en circulation
échangée, il y a eu une diminution du coût de l’acte d’échange permise par le
recours à une marchandise qui a été dénommée « monnaie » et qu'il faudrait
prendre en considération, ce qui n'a pas été le cas jusqu'à présent.
On en est là aujourd'hui.
4. De la tautologie à la causalité : le dévoiement.
La "théorie de la quantité de monnaie" était donc une tautologie entre
variations de la quantité de monnaie en circulation (et non pas totale) et
variations de prix en monnaie des marchandises.
Mais des "économistes des prix en monnaie" l'ont transformée, sans rien dire,
en faisant intervenir la quantité de monnaie totale, les prix en monnaie
exprimés en termes d'indice de prix et la causalité.
Et la prétendue rationalisation qu'ils y ont introduite à aider à faire passer,
sans le souligner, la transformation (par exemple, de I. Fisher, 1911, à
M. Friedman, 1956).
Selon eux, les variations de la quantité de monnaie qu’ils dénommaient « en
circulation » (alors qu’elle était en fait « totale ») provoquaient des "prix
en monnaie des marchandises", et surtout un "niveau des prix en monnaie"
(nouvelle notion qu'ils ont introduite dans leur théorie).
Ils n'ont rien expliqué. Ils auraient bien été incapables de le
faire.
Exemplaire est le cas de Irving Fisher dans son ouvrage de 1911 sur le pouvoir d'achat
de la monnaie, où il n'a rien expliqué du tout puisqu'il est passé de son
chapitre 1 où il a défini les éléments qu'il introduisait au chapitre 2 où
il a introduit la causalité d'emblée, sans en donner des causes.
5. L'introduction impromptue de la quantité de monnaie
totale.
Bref, selon la "théorie de la quantité de monnaie" où on ne met pas l'accent
sur les seuls prix en monnaie des marchandises, variations de la quantité de
monnaie en circulation et variations des prix en monnaie des marchandises
allaient de pair et renvoyaient les unes aux autres, sauf exception.
Quelle exception?
Pour répondre à la question, il ne faut pas oublier la notion de "quantité de
monnaie totale" telle qu'est peut être produite et comptabilisée par les
banquiers et la notion de "thésaurisation".
. La thésaurisation.
La « thésaurisation » des personnes juridiques physiques est le nom donné
au choix de chacune de détenir de la monnaie-or ou -argent ou bien des
substituts de monnaie bancaires plutôt que de les faire circuler, plutôt que de
les échanger contre des marchandises.
Dans une période de temps, ce choix peut varier d'un instant à l'autre et, par
conséquent, peut varier le montant de la thésaurisation.
A priori, s’il n’y avait jamais eu thésaurisation dans le passé, la
quantité de monnaie totale et la quantité de monnaie en circulation
coïncideraient nécessairement.
En vérité, il y a eu thésaurisation, voire des pertes de monnaie, puis, le cas
échéant, dé-thésaurisation, puis thésaurisation pour une raison ou pour
une autre, etc., bref, il y a une différence.
S'en déduisait la théorie de l'inflation ou celle de la déflation à la
difficulté près du phénomène de thésaurisation ou de celui de
dé-thésaurisation.
Encore fallait-il ne pas confondre la quantité de monnaie totale et la quantité
de monnaie en circulation, ce qu'oublieront beaucoup d'économistes.
. Les "économistes des prix en monnaie" et leurs
amis.
Les "économistes des prix en monnaie" ont privilégié la quantité de monnaie
"totale" par rapport à la quantité de monnaie "en circulation", sans y prêter
attention.
Préalablement, ils avaient jugé, vraisemblablement, que la quantité de monnaie
en circulation était plus importante économiquement que la quantité addition
des taux d'échange convenus ou des quantités de monnaie unitaires convenues,
peut-être du fait de l'échelle des volumes, pour s'y intéresser.
Ils ont surtout jugé que la quantité de monnaie « totale » était déterminante
par rapport aux prix en monnaie des marchandises.
Cela les a conduits à faire que la théorie de la quantité de monnaie devînt
"causalité" alors qu'elle était une proposition de logique, en tant que telle,
et qu’en conséquence peu lui importaient les évaluations ou mesures.
La science est d’abord méthode et non pas mesure malgré ce que soutenaient
beaucoup.
Ils ont été aidés par des statisticiens qui ont contribué
à abandonner,
primo, la tautologie entre la quantité de monnaie en circulation
et l'addition des prix en monnaie des marchandises et,
secundo, la synonymie du prix en monnaie d’une marchandise et du
taux d'échange de marchandise ou de la quantité de monnaie unitaire convenue, à
un facteur près.
Et ils ont mis l'accent sur deux approches distinctes, l'une, comptable,
pour la quantité de monnaie et l'autre, statistique, pour les "prix en
monnaie", et non pas sur l'approche économique initiale.
Pourtant, répétons-le, peu importaient les statistiques et ce que les uns et
les autres voulaient montrer.
La science est d’abord méthode et non pas mesure malgré ce que soutiennent
beaucoup.
Les statistiques ont contribué à parfaire l'incohérence.
. Un dernier mot.
Aujourd'hui, la
question se pose toujours de savoir, d'une part, dans quelle mesure la
quantité de monnaie totale diffère de la quantité de monnaie en circulation et,
d'autre part, dans quelle mesure la variation de la quantité de monnaie totale
diffère de la variation de la quantité de monnaie en circulation.
Ces questions sont différentes de la question à quoi J.M. Keynes a donné
une réponse avec la notion de "préférence pour la liquidité" (1936) qui a été
insérée dans la quantité de monnaie en circulation.
6. Retour à la monétisation de ce qu'on dénomme "monnaie €uro" par des
créances dont on ignore tout.
Depuis 1999, la banque centrale européenne a connu une évolution de ses actifs,
dénommés grosso modo "base monétaire", qui est exprimée dans le
graphique ci-dessous:
Graphique
1
1999-2014
Source :
https://research.stlouisfed.org/fred2/series/ECBASSETS
Cette évolution extraordinaire de la base monétaire n'avait pas été prévue
par qui que ce soit et n'est pas expliquée par les documents que la banque
centrale européenne a pu donner.
Tout s'est passé comme si on n'expliquait pas, mais on prévoyait et ce qui est
arrivé a été différent de ce qui avait été prévu, sans commentaires.
Ainsi est allée la banque centrale européenne ces dernières années.
Cette base monétaire a débouché sur la quantité -totale- de "monnaie €uro" que
la banque centrale européenne est dite avoir surveillée et qui est
présentée dans le graphique ci-dessous:
Graphique
2
1999-2014
Source :
http://research.stlouisfed.org/fred2/graph/?id=MYAGM3EZM196N,
De 1999 à 2008, la corrélation des deux courbes n'était pas évidente.
Depuis 2008, elle l'est encore moins, aucune corrélation n'est
imaginable.
Cette évolution de la quantité de "monnaie €uro", totale, cache une
évolution conjointe de la quantité de monnaie €uro en circulation et de la
thésaurisation non distinguées l'une de l'autre jusqu'à présent.
Graphique 3
1999-2013
Source :
http://research.stlouisfed.org/fred2/graph/?id=PIEATI01EZM661N,
Il est difficile de voir dans l'évolution d'un indice des prix en monnaie €uro
(cf. graphique 3 ci-dessous) l'évolution de la quantité de monnaie €uro en
circulation.
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