A Paris, le 10 septembre 2018.
1. Existence de la monnaie.
Pourquoi ce qu'on dénomme "monnaie" existe-t-il ?
Existe son principe économique d'"intermédiaire des échanges" - au détail près
qui est développé dans ce billet d'août
2013 ou celui de mai 2014 - qui
l'a fait inventer et car les actes d'échange de marchandises étaient jugés
coûteux par les gens qui les menaient (cf. ce billet de juillet 2016).
Et son application a tendu à amoindrir progressivement les coûts
supportés.
Remarquons que, si les actes d'échange n'avaient pas été coûteux, jamais
des méthodes n'auraient donné lieu à des essais ou des recherches pour
amoindrir les coûts.
Peu importent les prix ou les taux d'intérêt qui ne peuvent que varier, sauf si
on se place dans un cadre où prix ou taux d'intérêt sont supposés fixés par les
hommes de l'état.
Remarquons aussi qu'il est certes logique, en certaine théorie, de
supposer que le coût de l'échange n'existe pas et que la monnaie n'existe pas,
"cela vise à simplifier le raisonnement" comme l'ont dit et le
disent encore des économistes.
Reste qu'avec cette démarche, nos économistes s'interdisent de comprendre
pourquoi le coût d'échange de certains échanges est "trop
élevé" et ils ne
mettent pas le doigt sur les conséquences économiques.
En tous les cas, il est certain que des échanges que nous connaissons et qui
sont menés en pratique ne sont pas pris en considération par la théorie de
l'équilibre économique général (sigle T.E.E.G.) du XIXème siècle à cause de ses
hypothèses!
Que peut donc bien apporter, dans ces conditions, la T.E.E.G.?
Malheureusement,
elle est un point de départ de la "comptabilité nationale"...
2. Coût de l'échange et (coût de la) monnaie.
Mais il n'est pas logique de supposer
- que le coût de l'échange est positif ou nul et
- que n'existent pas la monnaie et son coût.
Si on suppose que la monnaie n'existe pas et n'a pas de coût,
alors il faut admettre que l'invention qu'a été, à l'origine, la "marchandise
intermédiaire des échanges" (selon Jean Baptiste Say), n'a pas été cernée par
les théoriciens.
Relativement à la réalité économique où échanges et monnaie existent
chacun et reçoivent des coûts, les économistes affectionnant la
T.E.E.G. supposent au XXème siècle, tacitement, que le coût donné par les
gens à leur situation économique est supérieur au coût d'échange et
le
coût de l'échange est lui-même supérieur ou égal à celui de ce qu'on dénomme
"monnaie", ce dernier n'en étant jamais qu'une des
composantes.
a.
Coût de l'échange nul et monnaie.
Si, aujourd'hui, on suppose que le coût de l'échange est nul, comme
certains économistes s'évertuent à le supposer, la question se complique.
Il faudrait admettre qu'innovations et réglementations sont parvenus, dans le
passé, à amoindrir le coût de l'échange à zéro.
Au cœur de celles-là, il y aurait la "marchandise intermédiaire des échanges"
"monnaie" et son coût.
La monnaie existe nécessairement car son existence procède de l'échange et a
contribué à l'amoindrissement du coût de celui-ci.
b. Coût de l'échange et coût de la monnaie
nuls.
Si le coût de
l'échange est supposé nul, il est nécessaire que le coût de la monnaie soit
nul.
C'est d'ailleurs l'hypothèse faite par les théoriciens de la
T.E.E.G., au XXème siècle, mais aussi par des théoriciens autres
(macroéconomistes "monétaristes" par exemple).
Elle est présentée comme "cohérente" avec l'hypothèse que le coût de l'échange
est nul.
Reste que ces théories font intervenir des échanges économiques qui, en
théorie, existent, en pratique, n'ont pas été encore inventés et qui, a
fortiori, ne sont pas cernés par les théoriciens...
Merveilleux, non ?
C'est le seul moment où la T.E.E.G. laisse admettre aux savants économistes qui
la développent qu'elle cache des trésors...
3. Coût de l'échange et coût de la monnaie
positifs.
Il n'en reste pas moins que l'hypothèse théorique, à savoir que le coût de ce
qu'on dénomme "monnaie" est nul, est une absurdité.
Dans la réalité économique, le coût de l'échange n'est pas, en effet, nul
et ce qu'on dénomme "monnaie" a un coût positif qui, nécessairement, lui est
inférieur ou égal (cf. ce billet de
novembre 2016 ou celui de juillet
2017).
Et on ne peut que s'étonner qu'à l'occasion de la création de ce qu'on a
dénommé "€uro" dans la décennie 1990, par exemple, et après, les points
précédents n'aient jamais été pris en considération, à ma connaissance.
En voici trois exemples essentiels.
a. Exemple de la Banque centrale européenne (sigle B.C.E.).
Il s'avère que le nouveau siège social de la B.C.E. (photographie ci-dessous)
a
coûté €1,2 milliard, beaucoup plus que les €850 millions envisagés en 2010 par
les "experts".
Les travaux ont été payés sur les fonds propres de la banque (€ 7,6 milliards
fin 2013) - dont les actionnaires sont les banques centrales nationales,
c'est-à-dire vous et moi -, abondés au fil des ans par ses bénéfices (€ 1,4
milliard en 2013) réalisés à partir de ses réserves d'or et de "monnaies"
étrangères, des achats de titres et les transferts des banques centrales.
Ce "coût comptable" est un coût ex post à distinguer du coût
d'opportunité qu'ont envisagé les dirigeants de la B.C.E. et, en particulier,
du "coût comptable" ex ante qu'ils ont largement sous estimé
rétrospectivement.
Et certains de comparer les "coûts comptables" ex post des
banques centrales les uns avec les autres, indépendamment du coût de la monnaie
puisqu'ils ne l'évoquent pas.
A les écouter, la B.C.E. est plus économe en frais de fonctionnement,
composante du "coût comptable" ex post, que, par exemple, la
Banque de France : €500 millions de charges d'exploitation par an, contre €2
milliards pour la Banque de France et ses 12.000 employés (cf.
Le Figaro 29 novembre 2014).
Disons qu'en principe, le "coût comptable" ex post de la B.C.E. a
accru les coûts comparables des banques centrales nationales et que personne
n'en parle!
Tout cela pour ne pas parler des annonces de mars dernier selon quoi
… "The European Central Bank said it will add about 70 staff at its banking supervision arm this year in anticipation of a higher workload as banks move from the U.K. to the euro area in preparation for Brexit" (cf Bloomberg, mars 2018).
b. Exemple de la Banque de France.
Le 7 septembre 2018, on a appris que l'ex-ministre
des Armées, à savoir "S. G.", a été nommée au poste de sous-Gouverneure de
la Banque de France moyennant 19 200€ par mois !
Belle promo pour "S. G." quand on se souvient qu'elle a démissionné du
gouvernement pour l’affaire des détournements et des emplois fictifs du MoDem
pour ne pas évoquer ses compétences dans le domaine de la monnaie dont le
paragraphe qui suit ne saurait qu'augmenter l'ignorance...!
c. Exemple du "Code monétaire et financier".
En France, le
Code monétaire et financier (sigle "C.M.F.") a été
décidé
- par la Loi n°99-1071 du 16 décembre 1999,
- par l’ordonnance n°2000-1223 du 14 décembre 2000 (pour sa partie législative)
et
- par le décret n°2005-1007 du 2 août 2005 (pour sa partie
réglementaire).
(cf. le billet du 26
juillet dernier intitulé « La Vème république du soupçon »).
Il est étonnant que le C.M.F. n'ait fait et ne fasse référence
- ni à tout ce qui a trait à la "zone €uro", dont la France fait partie, hormis
son article 1 du livre 1 qui dit que "la monnaie de la France est
l'€uro",
- ni au coût de l'€uro, comme si l'€uro n'avait pas de coût...
- ni au seigneuriage de l'€uro, assis sur le monopole de production des
billets, dont s'abreuvent la B.C.E. et les banques centrales nationales (cf. ce
billet de mai 2010).
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