Paris, le 14
août 2016.
1. Le chaos scientifique.
Il y a près de soixante ans, Fritz Machlup (cf. ce
texte d'août 2015) insistait sur le chaos scientifique où se trouvait alors
l'économie politique car un même mot économique avait un grand nombre de
significations et car personne ne savait laquelle considérer dans tel ou tel
raisonnement tenu (cf. Machlup, 1958, "Equilibrium and Disequilibrium:
Misplaced Concreteness and Disguised Politics", The Economic Journal,
Vol. LXVIII, mars)...
Il a pris l'exemple de la notion d'"équilibre économique" et s'est chargé, à sa
façon, de la "naturaliser", de lui rendre sa nature.
Depuis lors, l'économie politique en cour et ses savants stipendiés ont
laissé de côté les propos de Machlup comme s'ils voulaient mieux accentuer le
chaos, les socialismes ...
Aujourd'hui, la liste des "mal définis à dessein" est indénombrable.
Deux d'entre eux me semblent essentiels:
- ce qu'on dénomme "valeur" (cf. ce
texte d'octobre 2015),
- ce qu'on dénomme "monnaie" abusivement (cf. ce texte mars
2016).
Mais il y en a bien d'autres comme, par exemple, "coût de transaction",
"inflation", "organisation", "liquidité", etc.
J'ai déjà eu l'occasion d'en parler, dans des billets précédents j'y
reviendrai.
Dix ans plus tard, Emil-Maria Claassen (dans son ouvrage sur l'Analyse des
liquidités et sélection de portefeuille de 1970) regrettait l'habitude
croissante de ne pas définir les notions employées et en arrivait à dire, par
exemple, que ce qu'on dénomme "monnaie" était fonction de l'économiste qui en
parlait, du problème qu'il traitait.
Dix ans plus tard encore, Henri Guitton ( dans le livre intitulé De
l'imperfection en économie, Calmann-Lévy, col. "Perspectives de
l'économique", série "critique", Paris, 1979) considérait que les définitions
scientifiques n'avait pas de pouvoir sur l'opinion.
Et les socialismes envahirent la France en 1981 à l'aide des semis que leurs
membres avaient inoculés antérieurement (au nombre de quoi il y avait la
psychologie et la comptabilité nationale).
A propos de la psychologie, je vous renvoie à ce
texte de novembre 2013.
. L'insensée comptabilité nationale.
S'agissant de la comptabilité nationale, il convient de souligner
qu'aujourd'hui, dans tous les milieux, parler d'économie politique se résume à
évoquer le "produit intérieur brut" de la France (P.I.B.),
des variations de celui-ci alors que la réalité en question ne recouvre
pas un ensemble de produits, mais un ensemble de marchandises échangées
par les gens, à quoi les statisticiens ont ajouté, sans aucune raison, d'autres
éléments qu'ils ont évalué à leur façon, et donc sans aucune raison.
Comment donc prouver que les jugements de valeur ne sont pas des énoncés de
fait ? Cf. François
Guillaumat, Liberpedia.
A ces fausses notions de P.I.B. et de variations du P.I.B. - de "croissance"
comme disent certains - sont additionnées, dans le discours, les "exportations"
dont se flattent, par exemple, les politiques qui en parlent.
Produits et marchandises font pourtant deux sauf quand on veut mettre de côté
les échanges et sur un piédestal la production.
Mais alors pourquoi insister sur les échanges avec l'étranger que sont les
exportations et ne pas dire qu'on veut que l'économie politique soit une vaste
production aux mains des hommes de l'état?
La "France des mots" est bien devenue la "France des chiffres", objectif du
premier directeur du monopole de production de données qu'est l'I.N.S.E.E.
(1946), mais la France des chiffres ne reposent sur aucune vérité d'économie
politique (cf.
Desrosières, 2003).
2. Une proposition mal centrée.
Dans son ouvrage de 1979 (cf. une
"critique"), Guitton revenait aussi sur l'opposition qu'il avait proposée
en 1951 (cf. une
"critique") entre l'économie politique "à l'image des sciences
physiques" et l'économie politique "science de l'action humaine" et continuait
à s'interroger, certes en conclusion, sur la "valeur" de cette
proposition.
Quand il l'avait exprimée pour la première fois, l'économie politique à l'image
des sciences physiques était en fait déjà un fourre-tout innommable où
intervenaient des mécaniques, des mathématiques, des psychologies, des
statistiques et des richesses ...
Pour sa part, l'économie politique science de l'action humaine n'avait pas
encore de nom, mais bien vite des historiens de la pensée économique, à savoir
des marxistes, lui ont donné celui d'"économie autrichienne", vraisemblablement
parce que la développaient des économistes du moment comme Ludwig von Mises ou
Friedrich von Hayek.
Fidèles à eux-mêmes, c'est-à-dire à leurs mensonges, ces marxistes cachaient
que les économistes autrichiens ne faisaient que développer l'économie
politique antérieure à Marx et à leurs malversations, à savoir l'économie
politique de
Condillac, de
Say, de Bastiat, de
Pareto.
Ils ont été aidés, convenons-en, dans la décennie 1930, par des économistes
plus ou moins socialistes, émigrés de l'Europe de l'Est aux Etats-Unis
d'Amérique, qui n'ont pas hésité à dénaturer ce que Pareto avait écrit avant
1905 et à appliquer la mathématique du groupe Bourbaki, nouvelle mathématique
alors, à ce qui devenait la "science économique".
3. Les socialistes.
Avant d'être "autrichienne", l'économie politique est aussi française et des
économistes américains, en petit nombre, n'ont pas hésité, ces dernières
décennies, à le rappeler à leurs collègues qui prennent pour point de
départ de ce qu'ils développent, des erreurs (cf.
Tarascio (1972), Weatherby Jr. (1976) ou
Humphrey (1992)).
Il est difficile de dire qu'ils ont été entendus.
La "crise financière" de la décennie 2000 s'est certes chargée de faire
comprendre aux financiers de cesser d'écrire n'importe quoi sur leur sujet de
prédilection et de le publier.
Mais les socialistes restent arc-boutés sur leurs mythes absurdes tous azimuts
(cf. ce texte
de début août 2016).
Et ce sont eux qui, autant dans l'Union européenne qu'aux Etats-Unis
d'Amérique, tiennent,
chacun, l'état pour faire payer
aux prélevés les coûts qui en résultent...
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1. Ignorance, action humaine et durée.
dimanche 1 janvier 2006
Les socialismes de l'économie politique.
Par Georges Lane le dimanche 1 janvier 2006, 14:39
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