Paris, le 25 janvier 2009.
La monnaie, pouvoir d'achat généralisé, résulte d'une organisation ou, si on
préfère, d'un processus perpétuel en partie spontané, découvert un beau jour
dans le passé, qui contribue toujours davantage aux échanges entre êtres
humains, des échanges qui apportent paix et prospérité, à savoir
la réduction des coûts d'échange.
Au XXème siècle, les dirigistes ont tendu à réduire ce processus à un simple
objet et à le volatiliser (au sens où on volatilise un objet par
explosif…).
On l'a bien vu en 1998
avec la création de l'euro qui
repose en tout et pour tout sur des promesses d'hommes politiques d'Etats
différents,
institutionnellement irresponsables et a priori fermés au sujet
tant les connaissances qui s'accumulent font évoluer celui-ci.
Lorsqu'il était libre, le dernier stade qu'avait atteint le processus monétaire
était au XIXème siècle
l'étalon-or avec liberté d'émission : l'incarnaient les banques
libres de Nouvelle-Angleterre et celles de l’Empire britannique qui échappaient
au monopole de la Banque d’Angleterre, celui-ci étant limité à la région de
Londres.
Force est de constater que ces systèmes là étaient stables puisqu’ils n’ont
jamais connu aucune crise financière significative, et qu’ils résistaient fort
bien aux paniques nées dans les systèmes à monopole d'émission.
Tous les économistes libéraux de ce temps l'avaient remarqué et en
faisaient état :
Jean-Baptiste Say, Frédéric Bastiat, Gustave de
Molinari... et Charles Coquelin (bien avant Lawrence White, George Selgin et
Jean-Pierre Centi) avaient expliqué pourquoi : la banque libre comprend une
procédure d'ajustement immédiat des offres aux demandes de monnaie, que tout
monopole réglementaire empêche de fonctionner.
Dans les systèmes réglementés, malgré les crises périodiques qu’y engendraient
immanquablement les monopoles d'émission, l’étalon-or n’en exerçait pas moins
une forte influence stabilisatrice : ne convient-il pas de rappeler à ce titre
qu'entre 1726 et 1914, pendant près de deux cents ans, le franc français a
gardé un prix libre en or, égal à 322 mg d'or ?
* En 1726, on se situe après les événements monétaires en relation avec les
faits et gestes de Law – tant montés en épingle par les historiens -,
* En 1914, on échappe encore à la plupart des désordres que vont déclencher les
doctrines d'économie dirigée appliquée à la monnaie et où aujourd'hui on se
trouve enfoui.
1. L'accusation de Sir John Hicks.
En 1934, John Hicks - qui devait devenir « Sir John Hicks » trente ans plus
tard, puis recevoir le prix Nobel d'économie en 1972 …conjointement avec K.J.
Arrow -, introduisait une conférence de novembre, reproduite en article dans
Economica, 1935, où, après avoir avoué son incompétence en matière
monétaire (il avait étudié l’« équilibre général » et l’« économie du bien-être
»), il traduisait bien le « nouvel » état d’esprit, mettant en cause non pas
l’irresponsabilité institutionnelle et la cupidité aveugle des manipulateurs de
la monnaie, mais une tendance « naturellement croissante » du capitalisme à
l’instabilité [ci-dessous ma traduction] :
"Après les
orages de ces dernières années, c'est avec une particulière méfiance et même
avec appréhension qu'on s'aventure à ouvrir la bouche, sur le sujet de la
monnaie.
Dans mon cas, ces sentiments sont particulièrement intenses parce que je me
sens tenir beaucoup plus d'un novice à ce sujet.
Mon éducation a été surtout dans les domaines non monétaires de la science
économique et j'en suis venu seulement maintenant à m'intéresser à la monnaie
car j'ai trouvé que je ne pouvais pas la tenir hors de mes problèmes non
monétaires." (Hicks, 1935, p.1)
En somme, Hicks reconnaît son ignorance des problèmes monétaires, même s’il a
bien dû s’y aventurer à la fin.
Comment conclut-il sa conférence ?
Par ces mots :
"[…] je peux
conclure avec deux réflexions générales.
Si ce sont les gens insensibles [n.d.t., sous entendu ... aux coûts
d'échange] qui préservent la stabilité du capitalisme, des gens qui sont
insensibles (vous vous rappellerez) en grande partie parce que, pour eux, les
coûts des transfert d'actifs sont importants par rapport au montant des actifs
qu'ils possèdent,
alors il est vraisemblable que le développement du capitalisme, par la
diminution de ces coûts, soit une cause directe de fluctuations de plus en plus
nombreuses.
Il réduit les coûts de deux manières:
- par des dispositifs techniques (dont les banques ne sont qu'un exemple),
et
- en instillant un esprit plus "capitaliste", qui fait davantage attention au
profit, et réduit ainsi les coûts subjectifs.
En agissant ainsi, le capitalisme est son propre ennemi [n.d.t.:
c'est moi qui souligne] car il met en péril la stabilité sans laquelle
il s'anéantit.
Enfin, il semble s'ensuivre que lorsque nous sommes à la recherche de
politiques qui contribuent à la stabilité économique, nous ne devons pas être
éconduits par le sentiment que les troubles monétaires sont dus à une
«mauvaise» politique économique, au sens ancien de l'expression que tout se
passerait bien si nous revenions à la liberté du commerce et au
laisser-faire [n.d.t.: c'est moi qui souligne, en français dans le
texte].
En agissant ainsi, nous ne sommes pas mieux inspirés
- que les Thébains qui attribuaient la peste à une culpabilité du sang ou
- que les partisans de M. Roosevelt qui s'attendent à atteindre la sortie du
tunnel grâce à la réforme.
Il n'y a pas de raison pour que des politiques qui tendent au bien-être
économique, considéré statiquement, doivent tendre aussi à la stabilité
monétaire.
En vérité, la présomption est plutôt l'inverse."(Hicks, op. cit.,
pp.18-19)
Par la suite,
Hicks devait finalement reconnaître qu’il s’était trompé, que c’étaient les
économistes autrichiens qui étaient dans le vrai, et que c’étaient les
autres qui s’étaient écartés de la tradition centrale de la science
économique.
Il faut savoir que les économistes autrichiens expliquent les
crises économiques par les erreurs inhérentes à la politique
monétaire.
2. Ce que disait Jacques Rueff.
Jacques Rueff était leur contemporain, et avec ces derniers (Ludwig von Mises
avait fait sa thèse sur la « Théorie de la monnaie et du crédit » et Friedrich
Hayek avait été l'élève de Mises sur le tard) l’un des rares savants de
l'époque qui connût la monnaie de manière experte.
Voici ce que Rueff écrivait dans un article intitulé "La crise du capitalisme"
paru dans la Revue bleue (1935) :
"L'économie du monde tout entier est devenue un immense chaos ;
partout, sur tous les marchés, marchés des produits ou des services, des
capitaux ou de la main-d'œuvre, les équilibres sont rompus et partout la
souffrance des hommes, souvent le désespoir et la ruine, nous montrent l'aspect
humain de la catastrophe économique qui ravage le monde.
Assurément, la présente crise n'est pas sans précédent.
Mais cependant son ampleur et sa durée en font un phénomène entièrement
nouveau.
C'est à la recherche des causes de ce cataclysme et à l'analyse de ses
conséquences que la présente étude est consacrée. […]
Pour marquer ce qu'a de nouveau le désordre présent de notre économie, il faut
l'opposer au quasi-équilibre d'avant-guerre.
Alors les paysans réussissaient à vendre leurs récoltes et les ouvriers leurs
produits.
Jamais il n'était arrivé que presque tous les Etats du monde dussent
simultanément suspendre le paiement de leurs dettes étrangères ou la
convertibilité de leur monnaie.
Enfin et surtout, jamais il n'avait existé de chômage permanent.
L'on constatait bien de temps en temps, une augmentation du nombre des ouvriers
sans travail, mais rien de comparable à la situation où l'Angleterre et
l'Allemagne se trouvent depuis dix ans et surtout rien de semblable à l'état
présent, où les jeunes, qui arrivent à l'âge d'homme, voient devant eux toutes
les carrières bouchées, inexorablement.
Or, ce quasi-équilibre d'avant-guerre, personne ne se préoccupait de
l'établir.
Bien plus, l'eût-on voulu que l'on n'eût pu y réussir, car au moment même où se
formaient les réalités dont il était constitué, on en ignorait les
caractéristiques essentielles.
Les hommes agissaient indépendamment les uns des autres, sans se soucier jamais
des répercussions de leurs actes sur l'état général des marchés.
Et, cependant, du chaos des trajectoires individuelles naissait cet ordre
collectif, que traduisait le quasi-équilibre dont les faits révélaient
l'existence.
Un tel équilibre, si improbable dans sa complexité, ne pouvait être
fortuit.
S'il existait, c'est qu'il était le résultat d'un mécanisme tendant à en
assurer l'existence et l'on admettait avant la guerre que ce mécanisme n'était
et ne pouvait être que le mécanisme des prix.
Un produit était-il plus demandé qu'offert, aussitôt son prix augmentait sur le
marché, ce qui tendait, en écartant les demandes les moins pressantes et en
augmentant les offres, à rétablir l'équilibre antérieur.
Et la variation de prix ne pouvait pas ne pas se prolonger jusqu'à disparition
de la cause qui l'avait provoquée.
Ainsi le mécanisme des prix qui gouvernait l'activité des hommes, mais sans
porter atteinte à leur liberté d'action.
Il les laissait libres de vouloir librement, mais il augmentait le prix de ce
que l'intérêt général exigeait qu'ils n'achetassent pas jusqu'au moment où,
dans leur libre arbitre, ils préféreraient ne pas l'acheter.
Et ainsi, les consommateurs étaient conduits, sans contrainte d'aucune sorte, à
ne vouloir acheter que ce qui était à vendre, mais à vouloir l'acheter
entièrement, et les producteurs à ne vouloir produire que ce qu'ils pourraient
vendre, mais à vouloir le produire entièrement.
Par là, le mécanisme des prix adaptait la production à la volonté des hommes et
la volonté des hommes aux possibilités de production, donc aux réalités.
Or l'asservissement au réel est une pénible sujétion.
Elle substitue ce qui peut être à ce qu'on voudrait qui fût.
Un jour les hommes, dans leur simplicité, ont cru que la barrière qui les
protégeait contre le vide de l'irréel les empêchait de le saisir ; ils ont
voulu renverser la barrière et, par l'action de leurs forces associées, ils ont
malheureusement réussi.
Les perturbations de l'équilibre économique introduites par les
interventions de l'Etat.
L'attaque, d'abord, a été partielle : taxation pendant la guerre, législation
des loyers immédiatement après, toutes mesures qui ont entraîné dans leurs
domaines respectifs d'immédiates crises de quantité.
Puis elle s'est peu à peu généralisée.
Par suite de la baisse des prix en Angleterre,
l'assurance chômage s'est transformée en un instrument d'immobilisation des
salaires, cependant que l'arbitrage obligatoire produisait en Allemagne le même
résultat : par là le chômage permanent apparaissait dans le monde, avec son
cortège de souffrances et de ruines et surtout son implacable effet de
démoralisation.
Cependant subsistait encore le stabilisateur monétaire, dont l'action tendait à
assurer la stabilité des prix en maintenant dans d'étroites limites les
oscillations de l'activité économique.
Mais l'après-guerre, étendant à la monnaie les doctrines d'économie dirigée, a
voulu s'affranchir également de cette influence directrice.
- La pratique des politiques d'escompte concertées,
- la coopération des Banques d'émission et
- l'institution du gold exchange standard
ont reculé les bornes qui enfermaient l'activité des hommes dans les limites de
l'équilibre monétaire.
Et ainsi a été rendue possible la chute joyeuse dans la prospérité.
Toutefois, la distension des liens monétaires ne les a pas supprimés.
Plus l'on s'éloignait de la position d'équilibre, plus les réactions
s'accentuaient ; et finalement la crise a éclaté.
La crise, c'est le réveil des réalités, c'est la réadaptation de la somme à
payer à celle qui peut être payée ; et celle-ci est d'autant plus réduite que
celle-là avait été plus élevée.
Ainsi a été déclenchée la baisse générale des prix de vente, qui n'eût pu être
tolérée que par une baisse corrélative des prix de revient.
Mais la baisse des prix de revient implique une adaptation douloureuse à des
conditions nouvelles.
Aussi, dès le lendemain de la crise, la résistance à l'adaptation s'est
généralisée et tout l'effort des hommes a tendu à éviter les baisses de prix
qui eussent rétabli l'équilibre économique, dont on avait tout fait pour
s'écarter.
Ai-je besoin […] de dérouler devant vous la longue chaîne d'interventions qui a
caractérisé, depuis la crise, la politique économique de tous les pays du monde
:
- politique douanière,
- actions des trusts, des cartels, et autres associations de producteurs,
- politique du farmboard et des codes aux Etats-Unis,
- politique de l'alcool, du vin et du blé en France,
- contingentement généralisé des importations,
- contrôle des devises,
- clearing, etc. etc.
Toutes ces mesures, quelle qu'en fût la forme, avaient pour objet de paralyser
le jeu des forces qui tendaient à rétablir l'équilibre économique.
Certaines d'entre elles ont été entièrement efficaces ;
d'autres ont seulement réussi à retarder le processus d'adaptation, en
établissant un régime d'économie pâteuse, où les équilibres sont d'autant plus
longs à se rétablir qu'on a mieux réussi à faire obstacle à leur
rétablissement.
[…] il est une première conclusion que je voudrais dégager de ces
considérations, c'est qu'il faut être singulièrement aveugle pour s'étonner de
la durée et de la gravité de la présente crise, alors que tout notre effort a
tendu à l'entretenir et à l'aggraver.
L'étonnant, ce n'est pas que la crise dure, c'est que l'on s'en étonne.
Ma seconde conclusion aura trait à cette affirmation, souvent répétée, d'une
prétendue faillite du régime libéral ou capitaliste, autrement dit du régime
dont la pérennité était assurée par le libre jeu des prix.
Toutes les observations que je viens de vous présenter montrent que c'est
précisément en paralysant le mécanisme des prix que l'on a aggravé et entretenu
la crise économique.
Dans ces conditions, n'est-ce pas un mensonge flagrant que d'affirmer la
faillite d'un système par des arguments qui en démontrent a contrario
et d'une façon péremptoire, l'entière efficacité ?" (fin du passage du
texte de Jacques Rueff)
Nous sommes en 2009, ces lignes n'ont pas vieilli d'une seconde.
Elles ont d'autant moins franchi cette seconde de temps que les propos tenus
actuellement sur la "crise" illustrent en grande majorité le "mensonge
flagrant" que démontrait et dénonçait alors Jacques Rueff.
3. Attention à l'antienne.
"Le capitalisme, son propre ennemi," est une antienne qui, comme souvent les
antiennes, est conséquence d'une interprétation erronée, d'une déformation,
volontaire ou non, du sens initial de l'expression.
Hicks l'entonnerait-il encore dans le cadre de cet article ?
Ne faisons pas dire à Hicks ce qu'il ne dit pas.
Les mots qui concluent sa conférence ne sont certes point ambigus : le
"capitalisme pourrait être son propre ennemi", étant donné le développement qui
précède, sur la baisse constante des coûts d'échange que le progrès des marchés
est là pour réaliser.
Cependant, cette tendance-là n’est qu’une des influences qui s’exercent sur la
possibilité de prévoir l’évolution de ces marchés : elle agit toutes choses
égales par ailleurs.
Mais "par ailleurs", il y a justement , ou devrait y avoir, le "libre
jeu des prix" qui assure la stabilité économique à quoi s'attache Rueff, que
celui-ci tente de faire comprendre et à quoi ne fait pas allusion Hicks.
Il ne s'agit pas de prendre le capitalisme par un bout et d'oublier tous les
autres, tous se tiennent et sont tenus par la monnaie, réduction des coûts
d'échange et pouvoir d'achat, et le "libre jeu des prix".
La démarche dirigiste consiste principalement à le prendre par un des bouts les
plus spectaculaires - en général tiré au sort - et à s'évertuer à
détruire, consciemment ou non, la monnaie et le libre jeu des prix.
Ah! Lénine.
Jacques Rueff était particulièrement sensible à la formule prêtée à Lénine et
aux termes de laquelle:
"The printing press is the machine gun of the proletariat, moving down the
monied class".
Ma traduction :
"La planche à billets est la mitrailleuse du prolétariat 'ratatinant' la classe
des riches".
Il découvrira qu'ils sont de G. Sokolnikov selon
R.W. Davies (1958), "Statement of G. Sokolnikov, Soviet Minister of Finance
in the early 1920's", The
Development of the Soviet Budgetary Process, chap.2.
Et cela sera cité postérieurement dans R.J. Gordon (1975), "The Demand For and
the Supply of Inflation", The Journal of Law and Economics, 18,
Decembre, pp. 807-836.
4. Fausses monnaies et prix en prison.
En ce début de XXIème siècle, force est donc de constater que les dirigistes,
malveillants ou autistes, avec leurs réglementations et leurs planches à
billets, ont détruit le processus monétaire spontané qui avait donné
l'étalon-or et en sont résultées des "monnaies politiques", i.e. ce que
Vilfredo
Pareto dénommait des "fausses monnaies".
Certes, certaines parties prenantes du processus - encore aujourd'hui dénommées
"banques" - ont survécu à la destruction mais on ne saurait les confondre à
leurs homonymes d'hier tant les règles ont changé – pour ne pas faire allusion
au temps où elles ont été un temps nationalisées -.
Une preuve en est aussi que leurs dirigeants n'ont aucune connaissance
spécialiséé comme ils en avaient hier et qu'en particulier en France, un
jour ils sont dirigeants de banques, un autre ils le sont de ministères – de
secrétariats d'Etat comme on dit aux Etats-Unis d'Amérique-, comme si un jour
on pouvait être nageur de 100 mètres "nage papillon" et le lendemain, lanceur
de poids.
Dirigeants de ministère, ils critiquent les dirigeants de banques ;
dirigeants de banques, ils savourent les critiques.
Dans la foulée, les dirigistes se sont chargés d'entraver le "libre jeu des
prix" - désormais exprimés dans ces monnaies politiques - en réglementant tel
ou tel prix, i.e. en détruisant les informations que pourrait fournir chacun de
ces prix s'il était libre.
Bref, ils ont emprisonné la majeure partie des prix car, si le prix d'un bien
n'est pas en prison dans un pays, il l'est souvent dans un autre de sorte qu'à
l'échelle du monde, le prix en question n'est pas libre, mais en prison, même
si le bien n'est pas "échangeable internationalement".
Il reste qu'un
processus perpétuel spontané résultant des actions humaines ne saurait être
détruit par des actions spoliatrices, fussent-elles pour leur part "trop
humaines".
Quitte à employer un mot souvent galvaudé, il ne peut qu'être "interrompu" et
il faut donc s'attendre à ce qu'il reprenne dans l'avenir.
5. Vraie monnaie et prix libres.
Le processus monétaire spontané et sa conséquence qu'est le "libre jeu des
prix" en vraie monnaie ne pourra que reprendre.
Sous quelle
forme ? Quand ? Grandes questions.
Il est à remarquer que, dans le monde, le processus économique interrompu par
la révolution bolchevique de la première moitié du vingtième siècle a repris
dans la décennie 1990 sous des formes variées, souvent critiquées, mais il a
repris.
Le processus économique interrompu par la révolution chinoise de la décennie
1940 a repris dans la décennie 1980 sous une forme mal cernée, critiquée
aujourd'hui, mais il a repris.
Le processus économique interrompu par la révolution cubaine n'a certes
toujours pas repris.
En France, les processus interrompus par la révolution française de la décennie
1790 ont repris.
Le
processus d'assurances sociales interrompu en 1941-1946 n'a certes toujours
pas repris.
Ces exemples font apparaître qu'il n'y a pas de règle évidente en matière de
reprise d'un processus perpétuel interrompu.
En conséquence, le processus monétaire peut tout autant reprendre demain, dans
six mois, dans un an, dans cinq ans, ...
Seule certitude, la limitation de l'ignorance de l'être humain, les
connaissances qu'il acquiert par l'action de son corps et de son esprit font
surgir de nouvelles formes de monnaie qui adossent le libre jeu des prix.
Dernière forme de monnaie apparue dans la décennie 1990: la monnaie
électronique qui a rompu avec les formes de monnaie de l'ère Gutenberg
(caractérisée par un codage analogique des informations) et a inauguré l'ère
électronique (caractérisée par un codage numérique des informations).
L'ignorance de chacun, toujours plus limitée, ou, si on préfère, les
connaissances acquises de chacun, toujours plus nombreuses, ne peuvent en
conséquence que faire sauter un jour – et un temps plus ou moins long - les
barreaux des prisons où les dirigistes ont mis tels ou tels prix.
Le capitalisme n'est donc pas son ennemi.
L'ennemi du capitalisme, c’est
l’intervention réglementaire des hommes de l'Etat, dans la course perpétuelle
qu'elle a engagée avec l'innovation – laquelle améliore en permanence le
capitalisme dont elle est partie intégrante. L
’ingérence étatique porte sans cesse atteinte au capitalisme, à lui mais aussi
à ses
règles de droit comme l'a expliqué Friedrich von Hayek -.
Cette réglementation des hommes de l'Etat, expression achevée du dirigisme,
fait feu de tout bois pour se rendre maîtresse de l'innovation comme en
témoigne, par exemple, l'époque actuelle d'innovations rapides.
Heureusement, comme l'expérience l'atteste, l'innovation prend toujours de
l'avance sur la réglementation.
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2. Le retour de la société civile
lundi 1 mai 2006
Le capitalisme, son propre ennemi...
Par Georges Lane le lundi 1 mai 2006, 12:17
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